Hier, je suis allée acheter de la viande chez « Bamburies », célèbre boucherie de Bangalore (25 ans d'existence, seule boucherie à servir de la viande fraîche et conservée selon des techniques occidentales).
Tous les expatriés se fournissent dans cette échoppe.
Le magasin ne paye pas de mine : aucune viande n'est apparente. Toute la marchandise est stockée dans d'énormes frigos crasseux. Le patriarche trône dans un coin, les yeux cachés derrière d'énormes verres correcteurs. Son fils (35/40 ans) me fait un grand sourire et me donne la liste des produits disponibles et vante la fraîcheur de sa marchandise.
Déconcertée, je lui demande si je peux voir les produits, il claque dans les mains et un sbire lui apporte un sac de bœuf (« roast beef » … c'est du steak cuit). Il m'explique que c'est pour mettre dans les sandwiches. Je lui réponds avec circonspection que les Frenchies n'achètent que de la viande crue !
Nouveau claquement de main : un sac de 1,1 kg de bœuf cru arrive.
Je le prends, ça ne coûte que 200 roupies (environ 4 euros), soit le prix d'un paquet de coton pour les fesses de bébé (les cotons et le papier toilette sont ici un produit de luxe et coûtent plus chers que la viande !!!)
Arrivant, à la maison, j'ouvre victorieusement mon paquet de steaks, ravie de pouvoir proposer de la viande au menu de ce soir.
Avec consternation, je découvre que la pièce de bœuf est entière.
Argh… ! Instant de panique : je regarde désespérément le houseboy et la nanny qui n'ont jamais vu une pièce de bœuf entière. Ils ne peuvent pas m'aider.
Soudain, je me rappelle du boucher de Vincennes (celui de la place Diderot) et j'essaye d'imiter ses gestes.
Une bouffée de nostalgie m'envahit : les budgets de Rodamco, c'était quand même plus facile que le découpe de la pièce de bœuf.
J'aurai dû passer mon CAP de boucher, ça aurait été plus utile qu'une école de commerce !!!!
Finalement, je réussi à extraire 8 steaks superbes de cette pièce de bœuf … et je les mets au congélateur.
C'est à cet instant que je réalise que le morceau de viande que je viens de massacrer, en Français, ça s'appelle un filet mignon … !!!
Si mon oncle, qui est boucher, m'avait vu massacrer ce filet mignon, il m'aurait transformé en saucisse !!!!!!
En tout cas, les steaks étaient drôlement tendres et Tristan n'avait jamais mangé une aussi bonne viande …même en France.
Appel à témoin : si l'un de mes lecteurs a développé la compétence « débiter des steaks dans une pièce de boeuf », merci de me dire par mail comment on doit procéder…. Ca améliorera mon quotidien !