Bye Bye Papa

Papy Michel et son premier petit fils en 200221 février 2015 à 9 h 30, CHU de Lapeyronie à Montpellier.
Le lion est à terre. Celui qu’on croyait indestructible tant son énergie était grande et perceptible est mort.
Mon père a quitté ce monde après avoir bénéficié d’un sursis de plus de 20 ans et avoir combattu la maladie sans jamais se plaindre. Il a eu la chance de connaître ses quatre petits-enfants, dont le premier a été Tristan, sur cette photo en 2002 avec son Papy fier de son nouveau statut.

Ses petits-enfants garderont le souvenir d’un Papy fort et énergique qui faisait du « bon manger » et qui s’occupait bien des animaux, même des oiseaux de Montferrier qu’il nourrissait tout l’hiver.

Un hommage républicain a eu lieu le 24 février à Montferrier sur Lez au Devézou, une salle que mon père avait contribué à créer pendant ses 18 ans de mandats de conseiller municipal. Une centaine de personnes étaient là l’accompagner dans son dernier voyage. Le maire, deux conseillères municipales, amies de mon père, et moi-même avons pris la parole pour lui rendre hommage.

L’inhumation a eu lieu le lendemain, dans un minuscule village du Lot et Garonne où mon père avait vu le jour en 1933. Plus de cinquante personnes étaient là pour la bénédiction. Voici sa dernière demeure, dans le caveau familial sous un joli arbre, au calme.

RIP-2015
C’est le petit frère de mon père, également maire du petit village, qui a fait l’éloge funèbre de Papa et qui m’a gentiment autorisé à partager ce texte ici.

Jean Michel, j’avais imaginé ce moment, je l’avais pensé, mais je rejetai cette idée qu’un jour tu pourrais nous quitter.
Je te croyais indestructible après tous les combats que tu avais livrés.
C’est ce 16 février, lorsque je t’ai rendu visite au Centre Hospitalier de Montpellier que j’ai compris que le combat que tu livrais était le dernier. Tu le savais aussi.

Lorsque nos mains se sont serrées il y avait encore de la force ; de la lucidité, du courage, dans tes paroles. Tu m’as dit « Bernard ; cette fois, il y a un truc qui ne tourne pas rond, je ne vais pas m’en sortir ».
Je n’oublierai jamais ce moment passé auprès de toi.
Cinq jours après, la vie t’abandonnait.

Tu es né à Ambrus le 27 juin 1933.
Tu y passes ton enfance jusqu’à l’âge de 14 ans.
Après ton certificat d’études, tu quittes Ambrus pour le centre de formation des métiers de Clairac. Tu vas apprendre le métier de menuisier.
Puis, c’est le lycée de Marmande qui t’accueille pour continuer tes études ; tu y resteras un an en classe de seconde technique.
Puis c’est le lycée technique d’Agen ou tu resteras deux ans jusqu’au baccalauréat Mathématiques et Techniques.
Durant cette période scolaire, en plus du brillant élève, tu te révèles un brillant sportif. Tu pratiques l’athlétisme, champion départemental, d’académie…
Et avec ça tu arrives à concilier les sorties avec les copains !!
Comprends mon admiration…

Ensuite, entrée à l’école nationale de la météorologie.
Service militaire dans l’armée de l’air. À la base aérienne de Cazaux dans les Landes.
Une voie de cadre dans la météo nationale semble tracée. Eh non, un jour tu déclares que la météo : c’est terminé !
Il est vrai que te connaissant, les nuages, la pluie, le soleil ce n’est pas ton truc, tu n’as pas l’âme d’un poète.

C’est l’aube de l’exploration pétrolière.
Tu décides : Ce sera le pétrole.
Et ce sera vrai. Commence alors la grande aventure de ta vie professionnelle.
Tu repars à zéro !! Mais tu es intelligent, ambitieux, pugnace, courageux.
Un seul objectif : réussir.
Premiers jobs au Sahara.
Rapidement, tu progresses, tu étudies et tu intègres l’Institut Français du Pétrole qui forme les cadres et les ingénieurs.

Alors que tu parcours la France, dans une campagne de forages d’exploration, en Camargue, tu rencontres Simone, infirmière.
Elle deviendra ton épouse le 12 avril 1958. Elle t’accompagnera toute la vie. Vous aurez deux enfants : Aurore et Bertrand, quatre petits-enfants.
Sois fier, tu as fondé une belle famille.

Ta carrière va se dérouler dans la grande entreprise Total forages. Une vie d’expatrié aux quatre coins du monde.
L’Afrique : le Sahara, La Libye, L’Algérie…
L’Indonésie…
Le Moyen Orient…
Les plates-formes offshores de la mer du Nord.

Exigeant avec toi-même…Tu graviras tous les échelons de la hiérarchie…
Sois fier, ta carrière a été exceptionnelle.

L’âge de la retraite arrive…
Quelques années de sérénité et tu croises ton ennemi. Il rode autour de chacun de nous, mais à toi, il va te mordre et ne plus te lâcher. Le cancer.
Pendant 20 ans vous allez vivre ensemble, Avec la force, le courage qui te caractérise, tu vas repousser toutes ses attaques… Jusqu’à ces jours derniers.

Durant cette retraite, malgré la maladie tu t’investis dans la vie locale. Conseiller municipal jusqu’en mars 2014.
Hier, la ville de Montferrier t’a rendu un hommage citoyen.

Aujourd’hui, à Ambrus, c’est ta famille, tes cousins, des amis, mais aussi des Ambrusiens qui se souviennent ; des élus municipaux sont également présents pour te rendre hommage.
Des proches, absents, sont en ce moment dans le chagrin.
Tu vas laisser un grand vide autour de toi.
Moi, je n’aurai plus tous les matins, en ouvrant mon ordinateur, ces messages de toutes sortes…
Ces conversations téléphoniques toutes les semaines… tu demandais des nouvelles d’Ambrus… on parlait de tout…

Une page se tourne, je veux te redire mon admiration, te dire que tu as été un grand bonhomme.
Que j’ai puisé dans les vertus que tu portais, que tu as été un modèle, que tu m’as toujours poussé à faire mieux.

Merci ;
Adieu Frangin ;
Repose en paix.

Ciao Papa… Amuse-toi bien, là où tu vas et, surtout, n’engueule pas trop de monde ! Avec ton esprit pionnier, nul doute que tu as déjà bousculé les esprits et fait avancer les choses…